Dans sa tête ? Des grands espaces ! Des espaces de vie qui ne se mesurent pas en mètres carrés mais en qualité de vie, justement : il se fait fort de l’insuffler aux exigües chambres de bonnes comme aux imposants chalets. Nicolas Giguet est « concepteur d’espaces ». Rencontre.

Il arrive avec ses notes. Précises, argumentées, organisées. Ne veut rien oublier. Ne rien omettre de sa façon de travailler. Ni qu’il se réserve le droit de « ne pas donner suite après la première rencontre, s’il sent que le feeling ne passe pas », ni « à quel point la reconnaissance qu’il reçoit, parfois des années plus tard, le touche ». Nicolas Giguet, avant tout, oeuvre en équipe. Rarement les artisans auront été autant mis en lumière : la qualité de leur travail est louée à plusieurs reprises. « Le mot « je » m’intéresse peu, je préfère le « nous ». C’est la complicité qui se tisse autour d’un projet qui en fait la réussite. »
Client, artisans et collaborateurs du cabinet (voire électrons libres, Nicolas n’hésitant pas à demander conseil à divers intervenants), la relation et les rapports humains sont au coeur du travail de cet homme de coeur. Les clients, en confiance, se dévoilent et partagent leur intimité avec le concepteur d’espaces qui va mettre en place un vocabulaire architectural autour de ce qu’il appelle la « vie intérieure ».

Nourrir la circulation, les passages

La circulation est ainsi une notion qui lui est chère. « 99 % de notre temps, nous passons aux mêmes endroits, d’où l’importance de « nourrir » ces endroits ! De donner des vues, des perspectives qui pénètrent positivement. Nous travaillons finalement sur l’inconscient. » Circulation des personnes, du son, de la lumière : « Les choses vivent et circulent, tout est sens ». L’homme est philosophe et psychologue. Sa démarche peut sembler intellectuelle mais elle s’accompagne d’un grand pragmatisme. Le travail, profond, réalisé reste transparent pour le client. Celui-ci se contente de tirer les bénéfices sur la qualité de vie de la démarche vraiment pensée, réfléchie, de Nicolas. Comprendre le « rêve » des gens, réaliser un concept qui respecte leur demande tout en la transcendant, réaliser ce qu’ils ont en tête mais pas comme ils l’imaginaient, avancer avec respect et créativité, voilà son credo. « Certains clients me disent, deux ou trois ans après, « on vient de comprendre le travail que vous avez fait. » C’est ma plus belle reconnaissance. Ce n’est pas la décoration, derrière, qui fait le travail, c’est plus profond. Il y a un travail intellectuel derrière le résultat mais c’est moi qui le fais, je suis seulement le traducteur de mes clients. » Son client rêvé, justement ? Celui qui est prêt à faire cette démarche de complicité et ce travail d’échange. Son projet rêvé ? Tous ! Le cabinet travaille à hauteur de 50 % sur des fermes, des chalets, des magasins de station (« Une démarche particulière, d’ailleurs, le client doit souvent évoluer avec nous ») et à 50 % sur de l’urbain, de petites surfaces, des espaces réduits. Lui qui a travaillé dix ans à la conception de stands en a conservé son sens aigu des circulations et de l’optimisation du moindre centimètre.
« J’aime l’idée de respecter l’espace au maximum, de tirer profit du moindre recoin. De faire gagner des mètres carrés à mes clients. »
Réduire les barrières de l’espace, faire tomber les frontières, faire bouger les lignes, joli programme, n’est-ce pas ?